LE TWISTLe Twist, signifiant "tordre", est une danse au rythme merveilleux à danser seul, à quatre ou bien à deux. Pas besoin de doux regards dans les yeux, il n'y a qu'à être heureux.Tout commence au cours de l'été 1958, lorsqu'un groupe de rhythm'n'blues enregistre à Chicago la première mouture, qui restera inédite, du titre "The Twist". Le quintette en question se nomme Hank Ballard & the Midnighters et a déjà quelques petits succès à son actif, comme "Work With Me Annies" ou "Sexy Ways". Ces titres ont été relégués, pour cause de sensualité, dans la catégorie "race records" (disque pour gens de couleur), que bien évidemment le prude Américain moyen se garde d'acquérir. Le 11 novembre 1958, Hank Ballard, accompagné de six musiciens, met en boîte une nouvelle version de "The Twist", qui entrera au Top20 en mars 1959.Le Twist détournéUne pratique courante aux Etats-Unis, dans les années cinquante, consiste à prendre des titres créés par des artistes noirs sur de petits labels discographiques, à les faire réenregistrer (après "épuration" des paroles osées) par des chanteurs blancs pour des grosses maisons de disques, et à les mettre ainsi à la disposition d'un très large public pour assurer des ventes conséquentes, très profitables pour lesdites maisons de disques. Pour une fois, c'est un autre artiste noir qui jette son dévolu sur "The Twist" : Chubby Checker. Les plus folles histoires circulent alors sur l'origine du Twist ; ainsi, Chubby Checker, de son vrais nom Ernest Evans, né à Philadelphie en 1941, ex-vendeur de poulets, aurait "inventé le pas dans sa salle de bains en s'essuyant le dos" ! Vrai ou faux, toujours est-il que pendant l'été 1961, Chubby enregistre sa version de "The Twist", sans se douter que ce battement d'ailes de papillon va déclencher, à partir des Etats-Unis, un cyclone mondial...La déferlante du TwistEn octobre 1961, le très curieux Herald Tribune parle d'une" danse sensuelle et grotesque tout droit sortie de la jungle", et insiste sur les mouvements de hanches, en précisant que "les partenaires ne doivent pas se toucher, alors que les musiciens jouent avec fureur". Début 1962, le Vatican s'apprête à classe le Twist "parmi les danses immortels", tandis que le cardinal Ottaviani estime que cette danse pourrait transmettre ce mal à la jeune génération. Visiblement en accord avec cette pensée, la grande compagnie anglaise d'assurance Lloyds décide de couvrir désormais les risques encourus par une pratique abusive du Twist. Ce n'est qu'un début... Le haut lieu de la danse "dévoyée" se trouve à New York, c'est le Peppermint Lounge, boîte de nuit située dans la 45e rue. Là s'y déchaîne la folie du Twist, au point que cet endroit devient incontournable. Un autre groupe nommé Joe Dee & the Starlighters y enregistre un album 100% Twist dans une ambiance torride.La vague du Twist arrive bien sur en France. D'une façon générale, le Twist est plutôt bien accueilli par les parents qui le trouve plus sage que le rock'n'roll. En avril 1962 a lieu l'élection de Miss Twist au Golf-Drouot, un ancien golf miniature situé à Paris. Ghislaine Peterlin, mannequin de dix sept ans, enlève le titre au cours de la soirée patronnées par le Club de la Radio Télévision française. Joe Frey & les Lords, Les Météores, Long Chris & les Daltons assurent l'accompagnement musical. Le Twist, une danse solitaireLe twist constituait cependant une grande innovation : il annonçait la disparition du couple. On pouvait le danser avec un partenaire face à face comme on le fit pour le Charleston ou le cha-cha-cha mais la façon normale de le danser était de s'avancer seul ou seule sur la piste et de se mettre à Twister. Disparaissait ainsi le mécanisme subtil des invitations à danser, une certaine subordination des filles aux initiatives du garçon, la déception de "faire tapisserie", la nécessaire coordination des deux danseurs. La danse devenait façon de s'exprimer seul et non plus celle de s'unir symboliquement. Le Twist annonçait la lignée des musiques Dance, de House ou de Techno.Les Chaussettes NoiresLes premiers grands représentants du Twist en France sont les Chaussettes Noires. Ce bouillonnant quintette rassemblé autour de la personnalité de son chanteur Eddy Mitchell avait déjà sorti, en janvier 1961, un premier 45 tours intitulé "Tu parles trop". Mais tout démarre réellement fin 1961, quand les Chaussette Noires sortent un délirant "Twist du père noël". Ils enchaînent au début de l'année suivante avec "Le twist", adaptation de "The Twist" de Hank Ballard, via Chubby Checker. Le tourbillon s'accélère encore en 1963, le Twist semble avoir la vie dure, lorsque le groupe d'Eddy Mitchell, rejoint par le saxophoniste Michel Gaucher, enregistre "Live" façon Peppermint Lounge une bouillante version de "Peppermint Twist". Sur le même 45 tours on trouve "La leçon de twist", reprise par bon nombre d'autres artistes de l'époque, et surtout la pochette offre sur son verso, à découper suivant le pointillé, un "diplôme de Twist", sur lequel ont peut inscrire son nom après cent écoutes du 45 tous !Le temps de tous les recordsTout comme cela s'est passé pour beaucoup d'autres danses, notamment le hula-hoop, le Twist suscite des envie de records. Ainsi en mars 1962, un Britannique nommé Jhon Hill danse le Twist pendant 62 heures et 17 minutes. Ce temps est aussitôt battu par un autre Britannique, Kevin O'Brien, âgé de ingt et un ans, qui s'arrête au bout de 96 heures et 31 minutes. En France, un Breton de vingt sept ans, nommé Michel Ghasty, danseur professionnel et ancien de la troupe de West Side Story, annonce son intention de tenir 120 heures. Cette tentative de record aura lieu dans la boîte parisienne Le Garden Club, sous l'oeil attentif d'un médecin. De plus le président du Twist-Club de France lui compose un thème appelé "Twist à mort". Commencé le 12 mai 1962, il atteindra le record fixé le 17 mai, après une luxation de la cinquième vertèbre lombaire et avoir perdu plusieurs kilos.Vous voulez en savoir plus ? Alors découvrez ces ouvrages ... Annuaire des écoles de Twist dans votre ville : |